Bismillahir‐Rahmanir‐Rahim


Tariq Ramadan et les « Karaamaats »


Il est bien connu que le grand‐père de Tariq Ramadan était un Soufi et que son père était un de
ses plus proches fidèles. Parmi les croyances des Soufis, il y a l’idée qu’il existe des hommes qui
ont des pouvoirs surnaturels et qui connaissent le Ghaib (l’invisible) et qui connaissent ce qui se
cache dans le cœur des hommes. C’est l’enseignement qui est donné au Mouride (celui
nouvellement initié au Soufisme) quand il entre dans la Tariqah. On lui enseigne de craindre son
Sheikh comme un gourou et de chasser les mauvaises pensées à son sujet, car on lui raconte
que le Sheikh peut voir dans son cœur! Tariq Ramadan dit que certains « Khawaas » (élites ou
personnes particulières) peuvent savoir ce qui est caché dans le cœur des hommes et qu’ils
connaissent l’avenir. C’est la croyance des hérétiques Soufis qui croient que leur Sheikh connaît
le Ghaib (l’invisible) et que cela fait partie des leurs « Karamaats » (prodiges).


1‐Tariq dit (ED (15) 1 ‐ 33min 57) : « …C’est comme « Al‐Khawaas », C’est‐à‐dire ceux qui sont
de l’élite. Ceux qui ont les Karamaats. C’est‐à‐dire qu’il y a un certain niveau de spiritualité,
Allah (Soubhaanahou wa Ta’aala) donne quelque chose qui est « Al‐Fourqaan » (le
discernement) wa « Al‐Karamaat », c’est‐à‐dire quelque chose qui est supérieur à l’ordre
naturel. Vous n’avez même pas besoin de parler, la personne elle vous regarde et puis elle a
vu. Elle peut vous dire des choses qu’il y a dans… qu’il y a en vous, vous n’avez même pas
parlé. C’est comme si on vous voyait comme ceci. Des choses même qui viennent de l’extérieur,
des choses qui sont le trouble… comme celui… cet étudiant qui vient, qui dit : J’ai été vers mon
Sheikh, il avait une vie extrêmement sobre extrêmement, mais il voyait, il avait ces
Karamaats. Puis il vient vers lui, et il n’a rien dit… Lui il était troublé… il venait de sortir d’une
affaire de famille. Il était troublé… mais il n’avait rien dit… Il donnait cette impression‐là. Et
puis il lui dit… il lui prend la main et il lui met la main sur le cœur comme ceci… il vient à lui…
il lui met la main sur le cœur et il lui dit : « ils vont se réconcilier ». Ça ce sont des dimensions
de la foi. Mais ce niveau‐là ce n’est peut‐être pas le nôtre. Mais le nôtre, c’est de vivre avec un
peu de silence… » http://www.box.net/shared/static/i2qgn32geb.mp3


2‐Tariq dit (ED (11) 1 ‐ 13min 49) : « …Ce qui est aussi, une chose qui vient, pour les gens qui
atteignent un certain niveau de spiritualité, ce qu’on appel Al‐Karamaat. Al‐Karamaat ce sont
ces qualités des hommes qui voient au‐delà de ce que le commun voit. Y’a des gens on vous
dit… leur relation avec le Qor’an est telle… qu’à des moments quand ils vous regardent, ils
voient plus que ce que vous montrez. Et vous savez le secret? C’est que vous vous en rendez
compte. Vous voyez qu’il a vu plus. Y’a des gens dans la proximité desquels vous êtes gêné. Y’a
des gens dans la proximité desquels leur cœur dit, ce que tout dans leur être aimerait cacher.
C’est un jeune homme, qui vient le matin, voir son… guide spirituel, son Sheikh. Qui a raté
Salat Al‐Fajr, qui vient devant lui. Son Sheikh le regarde droit dans les yeux et lui dit :
« attention à être précis avec tes prières » Vous ne lui avez rien dit il a tout vu. « Fara‐aaha
man ra‐aaha, Wallahou A’lam » (Celui qui l’a vu l’a vu et Allah sait mieux). C’est ça que le Qor’an
donne aussi comme dimension spirituelle. Une dimension, qui est une dimension au‐delà de ce
que le commun a. Et toute l’histoire de l’Islam montre cette dimension. Il y a ces secrets‐là « Al‐
Fourqaan » Et là, on est vraiment dans la dimension spirituelle, c’est pas le livre qu’on
comprend uniquement avec son intelligence… »


On voit bien, dans ces deux citations, les idées des hérétiques Soufis que propage Tariq
Ramadan. Le Sheikh Mohammad Ahmad Loh dans son livre Taqdiis al‐ashkhaas fil fikris‐Soufi,
de la page 207 à la page 220 du volume 1, mentionne plusieurs citations tirées des livres des
Soufis qui indiquent que ces croyances sont très courantes chez eux. A la page 211‐212, il
mentionne les paroles de certains Shouyoukhs Soufis qui, selon eux, connaissaient les contenus
des cœurs des hommes. Le Sheikh Mohammad Loh mentionne l’exemple suivant, tiré du livre
Tabaqaat Al‐Koubra (2/77), écrit par Ash‐Sha’raani (auteur Soufi égyptien extrémiste mort en
973 Hijri) au sujet de Ibrahim Al‐Matbouli (soufi égyptien mort en 877 Hijri) : « Quand il voyait
une personne, il savait ce qu’elle avait en elle‐même et il savait ce qu’elle commettait parmi les
Fawaahish (turpitudes). »


Il cite encore Ash‐Sha’raani dans le même livre (2/91), qui dit au sujet de Mohammad Ash‐
Shouwaimi : « qu’il s’assoyait loin de (son Sheikh) Sidi Madyan… parce qu’il frappait avec un
bâton toutes les personnes qui passaient devant lui et qui avaient de mauvaises pensées. Qu’ils
soient riches ou pauvres, vieux ou jeune ou gouverneur, il ne prenait personne en considération
en cela. Ceux qui connaissaient son état n’osaient jamais s’asseoir devant Sidi Madyan. »
Il cite également les paroles de ‘Ali Haraazim, dans le livre Jawaahir Al‐Ma’aani (1/63‐64) en
parlant de la science de son Sheikh, Ahmad At‐Tiijaani (Soufi hérétique fondateur de la secte
Tijaaniyyah mort en 1230 Hijri) : « Il connaît les états du cœur de ses compagnons et leur
changement d’état… il sait comment ils vont extérieurement et intérieurement… à un tel point
que lorsque nous étions assis en sa présence, nous avions tous peur de la honte de nous faire
démasquer. »


Le Sheikh Mohammad Loh, dans le volume 2, à la page 304, mentionne une autre histoire de ce
genre, encore tiré du livre Tabaqaat Al‐Koubra de Ash‐Sha’raani (2/85) où il rapporte la
biographie d’un autre Soufi, Shamsoud‐Din Al‐Hanafi. Ash‐Sha’raani dit a son sujet : « La femme
du gouverneur est entré chez le Sheikh. Elle trouva le Sheikh entouré de femmes qui lui
caressaient le corps et désapprouva cela dans son cœur. Le Sheikh remarqua sa réaction avec
son œil et lui dit : « Regarde! » Elle regarda et vit que leurs visages étaient des squelettes et que
du pus sortait de leur bouche et de leur nez, comme si elles étaient des cadavres sorties de leur
tombe. Il lui dit : « Par Allah, je ne vois les étrangers que dans cet état. » Puis il lui dit : « Tu as
trois marques sur toi : une marque sous le bras, une marque sur la cuisse et une marque sur la
poitrine. » Elle dit : Tu as dit vrai, par Allah! Et même mon mari n’est pas au courant de ces
marques jusqu’à maintenant. Puis elle demanda pardon et se repentit (d’avoir pensé du mal de
ce Sheikh Soufi). »


Ce ne sont là que quelques citations du livre du Sheikh Loh et je me limite à celles‐ci pour ne
pas être trop long. Mais on peut voir que ce genre d’histoire fait partie des croyances très
répandues de ces Soufis égarés qui n’ont rien à voir avec l’Islam. Les Soufis croient que ces
histoires mensongères sont des « Karaamaats » que leurs Sheikh ont accomplis à cause de leur
pitié et du fait qu’ils sont des « Khawaas », c’est‐à‐dire des êtres spéciaux. Voyons voir ce que
dit la révélation au sujet du Ghaib et de connaître ce qui est dans les cœurs.
Allah dit :
(Allah connaît le Ghaib (l’invisible) dans les cieux et la terre. Il connaît le contenu des
poitrines.)
Fatir : 38.
Allah dit :
(Allah n’est‐Il pas le meilleur à savoir ce qu’il y a dans les poitrines de tout le monde?) Al‐
‘Ankabout : 10
.


Voilà que Tariq Ramadan décrit les soi‐disant Khawaas par une description qui revient
uniquement à Allah, et qu’ils connaissent le contenu des poitrines! Ne sait‐il pas que Seul Allah
connaît le Ghaib? Allah dit :
(Dis Ô Mohammad!: ‹Nul de ceux qui sont dans les cieux et sur la terre ne connaît le Ghaib, à
part Allah›.) An‐Naml : 65.


Même les messagers d’Allah ne connaissent pas le Ghaib, excepté ce qu’Allah leur permet de
connaître par le biais de la révélation. Allah dit à ce sujet :
([Allah, c’est Lui] qui connaît le Ghaib. Il ne dévoile Son Ghaib à personne, sauf à celui qu’Il
agrée comme Messager) Al‐Jinn: 26‐27.


Les messagers d’Allah ne connaissent du Ghaib que ce qu’Allah leur transmet par la révélation,
et non pas tout le Ghaib. Et même notre messager, le prophète Mohammad (paix et salut
d’Allah sur lui) ne connaissait pas le Ghaib. Alors si c’est le cas pour notre messager (paix et
salut d’Allah sur lui), alors d’autres que lui peuvent encore moins le connaître. Allah dit à ce
sujet :
(Dis Ô Mohammad! : ‹Je ne détiens pour moi‐même ni profit ni dommage, sauf ce qu’Allah
veut. Et si je connaissais le Ghaib, j’aurais eu des biens en abondance, et aucun mal ne
m’aurait touché.) Al‐A’raaf : 188.

Personne ne peut donc prétendre connaître le Ghaib, et quiconque croit que d’autres qu’Allah
connaît le Ghaib ne croit pas en Allah. Les prophètes ne font pas les miracles à volonté et quand
ils le décident, c’est uniquement Allah qui décide des miracles. Alors que dire des Karaamaats
des hommes pieux! Allah dit à ce sujet :
(Et ils disent: ‹Que ne fait‐on descendre sur lui (Muhammad) un miracle de son Seigneur?›
Alors, dis: ‹Le Ghaib relève seulement d’Allah. Attendez donc; je serai avec vous parmi ceux
qui attendent.) Younous : 20.


Et Il dit aussi : (Et il n’appartient pas à un Messager d’apporter un miracle, si ce n’est qu’avec
la permission d’Allah. Chaque échéance a son terme prescrit.)
Ar‐Ra’d : 38.
On a posé une question à ce sujet au Comité Permanent de Fatwa et de Recherche Scientifique
en Arabie Saoudite et voici la question et la réponse : (Question : Est‐ce que les Awliyaas
(hommes pieux) ont des Karaamahs? Est‐ce qu’ils contrôlent le royaume des cieux et de la
terre? Est‐ce qu’ils peuvent intercéder pour les vivants lorsqu’ils sont morts ou non? Réponse :
Les Karaamaats sont des choses inhabituelles qu’Allah fait apparaître à la main de certains
serviteurs pieux, vivants ou morts, pour les honorer et pour repousser d’eux un mal ou pour
réaliser un bienfait pour eux, ou pour rendre la vérité victorieuse par leur cause. Et ce pouvoir
de faire un Karaamah n’est pas entre les mains de cet homme pieux. Il ne peut pas le faire
quand il le veut. Tout comme le prophète ne détient pas le pouvoir de faire un miracle de lui‐
même. Tout cela n’appartient qu’à Allah lui seul. Allah dit : (Et ils dirent: ‹Pourquoi n’a‐t‐on pas
fait descendre sur lui des miracles de la part de son Seigneur?› Dis: ‹Les miracles sont auprès
d’Allah. Moi, je ne suis qu’un avertisseur bien clair›.)
Al‐‘Ankabout : 50. Les hommes pieux ne
possèdent pas le contrôle du royaume des cieux et de la terre, sauf de ce qu’Allah leur à donné
de pouvoir par les causes qu’Il a créé, comme pour tous les autres hommes; comme
l’agriculture, la construction, le commerce etc. Tout ce qui fait partie des travaux des hommes
et cela par la permission d’Allah. Ils ne possèdent pas non plus après leur mort, le pouvoir
d’intercéder pour quiconque parmi les vivants ou les morts. Allah dit : (Dis (Ô Mohammad!) :
‹L’intercession toute entière appartient à Allah.)
Zoumar : 44. Et Il dit : (Et ceux qu’ils
invoquent en dehors de Lui n’ont aucun pouvoir d’intercession, à l’exception de ceux qui
auront témoigné de la vérité en pleine connaissance de cause.)
Az‐Zoukhrouf : 86. Et Il dit :
(Qui peut intercéder auprès de Lui sans Sa permission?) Al‐Baqarah : 255. Et quiconque croit
qu’ils ont un contrôle dans l’univers ou qu’ils connaissent le Ghaib est un Kafir, car Allah dit :
((Dis Ô Mohammad!: ‹Nul de ceux qui sont dans les cieux et sur la terre ne connaît le Ghaib, à
part Allah›.)
An‐Naml : 65.) Voir le volume 1 du recueil : Fataawa al‐lajnatou ad‐daaimah
lilbouhouth al‐‘ilmiyyah wal‐iftaa
, à la page 388, la Fatwa 9027.


Il est vrai que nous croyons en ce qu’on appelle les Karaamaats. Cela fait partie des principes de
la croyance des Salafs Salihs et de Ahlous‐Sounnati wal‐jamaa’ah. Le Sheikh Salih Al‐Fawzaan
résume ce principe dans son livre : Sharh ‘Aqidatoul‐Imaam Mohammad ibn ‘Abdul‐Wahhaab,
de la page 111 à la page 113 Il dit :


(Le mot Karaamaat est le pluriel du mot Karaamah et il désigne une chose inhabituelle qui est
extraordinaire. Elle vient de la part d’Allah et l’homme n’a sur elle aucun contrôle. Si cette
chose inhabituelle arrive par la main d’un prophète, alors c’est un miracle. Comme par
exemple :


‐ L’augmentation d’une petite quantité de nourriture devant le prophète (paix et salut sur lui) et
l’eau qui coule d’entre ses doigts. Et plus important que cela encore, la révélation du Qor’an,
qui est le plus grand miracle du prophète (paix et salut sur lui). Les hommes et les Jinns réunis,
n’ont pas réussi à amener une seule Sourate comparable.


‐ Le bâton de Moussa, sa main, et les dix signes qu’Allah lui a donné.


‐ Ce que ‘Issa a reçu par la permission d’Allah de faire revivre les morts, de faire voir les
aveugles‐nés et les lépreux.


Ce sont des miracles. Et ce que notre messager a reçu comme quantité de miracles est énorme.
En ce qui concerne les choses inhabituelles qui se produisent à la main des hommes pieux, et
qui ne sont pas des prophètes, ce sont des Karaamaats qui viennent d’Allah. Comme ce qui est
arrivé à Mariam par exemple : elle était à l’abri des regards des gens, voilée et à l’écart et elle
recevait malgré cela sa subsistance à l’endroit où elle se trouvait : (Chaque fois que celui‐ci
entrait auprès d’elle dans le lieu où elle priait, il trouvait près d’elle de la nourriture.) Aalou
‘Imraan : 37. Chaque fois que Zakariyya allait la voir dans le lieu où elle priait : (il trouvait près
d’elle de la nourriture. Il dit: ‹Ô Marie, d’où te vient cette nourriture?› ‐ Elle dit: ‹Cela me
vient d’Allah›. Il donne certes la nourriture à qui Il veut sans compter.)


Ainsi que l’exemple des gens de la caverne (dans Sourate Al‐Kahf) fait partie des Karaamaats,
parce qu’ils étaient croyants. Ils se sont désavoués de la religion des Moushrikines et ont quitté
la ville et se sont réfugiés dans une grotte pour fuir avec leur religion. Allah les a fait dormir de
nombreuses années et leurs cheveux et leurs ongles sont devenus très longs. Et ils se
tournaient d’un côté et de l’autre (…) cela fait partie des Karaamaats des Awliyaas.


Sheikhoul‐Islam Ibn Taymiyyah a écrit un livre qui s’intitule Al‐Fourqaan baina awliyaa ar‐
rahman wa awliyaa ash‐shaytaan,
et c’est un livre très bon sur ce sujet.


En ce qui concerne les choses inhabituelles qui se produisent à la main d’un Kafir ou d’un
sorcier, cela ne fait pas partie de ce qu’on appelle Karaamah. Ce ne sont que des trucs du
Shaytaan. Donc on peut voir un sorcier voler dans les airs, marcher sur l’eau, entrer dans le feu
sans se brûler, cela fait partie des actions du Shaytaan et non pas des Karaamaats. C’est en fait
un test et une épreuve.


Donc nous croyons en les Karaamaats des Awliyaas et que c’est une faveur venant d’Allah. Les
savants ont dit : Les Karaamaats que font les hommes pieux sont des miracles en faveur des
prophètes. Car ils n’ont reçu ces Karaamaats qu’en suivant les prophètes (que la paix et le saut
d’Allah soit sur eux). C’est donc une Karaamah pour les Awliyaas et une Mou’jizah (un miracle)
pour les prophètes. Et les gens se divisent en 3 catégories par rapport aux Karaamaats. Deux
positions extrêmes et un juste milieu :


La première position : Ceux qui nient les Karaamaats. Ce sont les Mou’tazilahs. Ils nient les
Karaamaats des Awliyaas. Ils disent qu’il n’y a pas de Karaamaats, ni de chose extraordinaires
qui puissent se produire. Cela parce qu’ils ne se basent que sur leur raison et qu’ils ne se basent
pas sur la révélation. Ils nient donc les Karaamaats.

La deuxième position : Ceux qui exagèrent au sujet dans l’affirmation des Karaamaats jusqu’à
considéré les trucs des sorciers, des voyants et des Soufiyyahs comme étant des Karaamaats.
Alors que ce sont des trucs du Shaytaan, et non des Karaamaats. Ceux‐là ont exagérer dans
l’affirmation des Karaamaats jusqu’à considérer tout ce qui est inhabituel comme étant une
Karaamah. Donc si une chose surnaturelle se produit à la main d’un sorcier, d’un voyant ou d’un
Moushrik, Ils disent : c’est une Karaamah! Voilà pourquoi ils adorent les tombes et ils disent :
Celui à qui cette tombe appartient a eu des miracles, il lui est arrivé telle et telle chose. Ils lui
demandent de l’aide et cela est une forme d’exagération envers les gens qui ont des
Karaamaats.


La troisième position : C’est celle de Ahlous‐Sounnah wal‐Jamaa’ah. Ils sont entre ces deux
extrêmes. Ils affirment les Karaamaats qui sont véridiques. Toutefois les trucs des Shayaatines
et qui se produisent aux mains de Shayaatines, ce ne sont pas des Karaamaats. Ce ne sont que
des trucs du Shaytan pour tester et éprouver les gens. Tu peux voir un sorcier qui vole dans les
airs et qui marche sur l’eau. Il lui arrive des choses mais cela arrivent par l’action des
Shayaatines. Il peut informer quelqu’un sur des choses cachées, car les Shayaatines l’informent.

Parce qu’il les a adoré et s’est soumis aux diables, alors les diables le servent : (‹Ô notre
Seigneur, nous avons profité les uns des autres, et nous avons atteint le terme que Tu avais
fixé pour nous.›)
Al‐An’aam : 128. Donc, lorsque l’humain se rapproche du Jinn et se soumet à
celui‐ci, les Jinns le servent. Et les Jinns sont capable de ce que l’homme est incapable de faire.
Alors l’ignorant s’imagine que ce sont des Karaamaats, et ce ne sont pas des Karaamaats, ce ne
sont que des trucs du Shaytaan. Il est donc obligatoire de faire attention à ce genre de choses.
On ne doit pas nier complètement les Karaamaats, ni les affirmer totalement. Nous devons
plutôt détailler et l’homme doit avoir de la connaissance à ce sujet.) Fin de la citation.


Ces paroles du Sheikh Al‐Fawzaan nous aident à comprendre que la notion de Karaamaats chez
les Salafs Salih est tout à fait différente de la notion des Karaamaats chez les Soufis. Tout
comme la notion de ce qu’est un Wali est totalement différente chez les Salafs et chez les
Soufis. Le Sheikh Mohammad Ahmad Loh explique dans son livre cité plus haut, Taqdiis Al‐
Ashkhaas, que pour les Soufis, une personne ne peut être considérée comme étant un Wali que
lorsqu’elle a le pouvoir de faire des Karaamaats. Les Karaamaats dans la pensée Soufie et dans
sa littérature sont vues comme un but et l’objectif du Sheikh et une condition pour atteindre le
degré de Wali! C’est ce qui pousse plusieurs d’entre eux à tomber dans la sorcellerie et à
chercher le contact avec les Jinns. Leurs livres sont remplis d’exercices spirituels qui permettent
d’atteindre ces soi‐disant « niveau élevé de spiritualité »! Le Sheikh Loh donne de nombreux
exemples à ce sujet, tirés des livres des Soufis eux‐mêmes. Il explique également certains
principes que les gens de Ahlous‐Sounnah ont déduit du Qor’an et de la Sounnah pour
distinguer entre ce qui est une Karaamah et ce qui n’en est pas une. Il mentionne dans le
volume 2 de son livre, entre les pages 288 et 292, six principes pour arriver à faire la distinction.
Voici donc un résumé de ces 6 principes :


Premier principe : Les principes et les enseignements de l’Islam ne reposent pas sur les
Karamaats et les choses surnaturelles. C’est pourquoi le Qor’an est le plus grand miracle du
prophète (paix et salut d’Allah sur lui). Car la Da’wah du prophète (paix et salut sur lui) était
beaucoup plus fondée sur la preuve, que sur des choses inhabituels ou pas ordinaire. Cela est
supporté par le fait que lorsque les Kouffars demandaient des miracles matériels comme
condition de leur foi, Allah lui ordonnait de refuser cela et de ne pas se détourner de sa voie qui
se base sur ce qui lui est transmis comme révélation. Allah dit :


(Et ils dirent: ‹Nous ne croirons pas en toi, jusqu’à ce que tu aies fait jaillir de terre, pour nous,
une source; ou que tu aies un jardin de palmiers et de vignes, entre lesquels tu feras jaillir des
ruisseaux en abondance; ou que tu fasses tomber sur nous, comme tu le prétends, le ciel en
morceaux, ou que tu fasses venir Allah et les Anges en face de nous; ou que tu aies une
maison [garnie] d’ornements; ou que tu sois monté au ciel. Encore ne croirons‐nous pas à ta
montée au ciel, jusqu’à ce que tu fasses descendre sur nous un Livre que nous puissions lire›.
Dis‐[leur]: ‹Gloire à mon Seigneur! Ne suis‐je qu’un être humain‐Messager? “)
Al‐Israa : 90‐93.


Il cite Sheikh Al‐Islam Ibn Taymiyyah qui dit à ce sujet dans Majmou’ Fataawa (11/333) : (La
plus bénéfique des choses miraculeuses est le miracle religieux. Et c’est la situation de notre
prophète (Paix et salut d’Allah sur lui) qui dit dans un Hadith rapporté par Al‐Boukhari et
Mouslim : « Il n’y a de prophète excepté qu’il a reçu des miracles pour amener les hommes à
croire en eux. Et ce que j’ai reçu est une révélation qu’Allah m’a révélé. Je souhaite donc être
celui qui, d’entre les prophètes, aura le plus de fidèles au jour de la résurrection. »
Son
miracle était donc sa Da’wah et sa preuve, contrairement aux autres prophètes.) Fin de la
citation.


Deuxième principe : Les miracles et les Karaamaats ne sont pas les œuvres du messager (paix
et salut sur lui) ni des Awliyaas. Ils n’ont aucun pouvoir ou décision pour les faires. Cela dépend
uniquement de l’ordre d’Allah, de son pouvoir et de sa sagesse. Et ce n’est ni aux prophètes, ni
aux hommes pieux de chercher à les faire ou les demander si Allah ne leur a pas donné. C’est
pourquoi les Karaamaats des Sahabahs ne nécessitaient d’eux aucun effort de leur part, ni
d’exercice spirituel ni de se cloitrer ou de s’isoler dans des endroits obscures. Ils ne faisaient
que suivre la guidance et faire des bonnes œuvres. Et quand une Karaamah se produisait à la
main d’un d’entre eux, il le cachait et refusait de le dire à tout le monde. Ils n’exagéraient pas
non plus dans l’idée que ce soit un bon signe, par crainte que ce soit un truc du Shaytan pour
les tromper.


Il cite les paroles de l’Imam Ash‐Shawkaani qui dit : (Il n’est pas permis au Wali de croire que
tout ce qui lui arrive d’évènements et de dévoilement est une Karaamah venant d’Allah. Car il
se pourrait que cela soit une ruse du Shaytaan. Il est plutôt obligatoire pour lui de juger ses
paroles et ses actions par le Qor’an et la Sounnah. Si ses paroles et ses actions sont en accord
avec le Qor’an et la Sounnah, alors dans ce cas c’est une chose véridique et une Karaamah
venant d’Allah. Tandis que si elles sont en contradiction avec le Qor’an et la Sounnah, alors
dans ce cas, qu’il sache qu’il se fait tromper et se fait jouer des tours et que le Shaytan cherche
à l’égarer.) Fin de la citation.


Ces deux premiers principes (1 et 2) sont des principes généraux à ce sujet.
Troisième principes : Il faut que la Karaamah soit accompagnée de droiture et celui chez qui
elle se manifeste doit être sur le chemin de la guidance. Dans ce sens, la voie d’Ahlou‐Sounnah
est une Karaamah en soi. Car c’est la voie du succès et du salut, et c’est la cause par laquelle
Allah honore ces serviteurs par toutes sortes de Karaamaats. C’est uniquement par cette voie
qu’on peut réellement distinguer entre le Wali d’Allah et le Wali du Shaytaan. Car les choses
surnaturelles à elles seules ne suffisent pas pour dire qu’une personne est un Wali d’Allah. C’est
pourquoi les savants disent :


(Sois celui qui recherche la droiture et non les Karaamaats. Car ton être est poussé à rechercher
les Karaamaats, tandis qu’Allah veut de toi la droiture.)


Et ils disent : (Celui sur qui apparaît une Karaamah, il doit être jugé selon la balance de la
révélation. S’il est sur la droiture, alors ce qui apparaît de ses mains est une Karaamah. Mais s’il
n’est pas sur la droiture, dans ce cas c’est un test et une épreuve. Comme ce qui apparaît du
Dajjaal qui va faire revivre les morts et ce qu’il fait apparaître de son jardin et de son feu. Allah
égare ceux qui n’ont pas de foi par ce qu’Il fait apparaître de la part de ce genre de personne.
Mais pour celui qui s’accroche à la révélation, (il ne se laisse pas tromper) par ce qu’il voit de la
part de ces gens qui volent dans les airs ou qui marchent sur l’eau, car il sait que c’est
uniquement un test pour les hommes.)


Et Il cite les paroles de l’Imam Ash‐Shaatibi qui dit : (A partir de cela on peut savoir que toute
chose surnaturelle qui se produit jusqu’au jour de la résurrection, il est incorrect de la renier ou
de l’accepter avant de l’avoir analysé selon les règles de la Shari’ah. Si les deux correspondent,
alors c’est un vraie Karaamah qui est acceptée dans son contexte, sinon elle n’est pas
acceptée.)


Quatrième principe : Celui qui a une Karaamah doit être loin des prétentions, du mensonge, de
l’exagération, de l’amour de la célébrité. Car cela affecte l’intention et l’objectif et pourrait
transformer ses adorations et ses efforts en quête de Karaamah et cela peut amener de
sérieuses défaillances à son Tawhid.

Ces deux principes (3 et 4) concernent la personne qui a les Karaamaats, tandis que les deux
principes suivants (5 et 6) concernent la Karaamah elle‐même.


Cinquième principe : Il faut que la Karaamah soit pour venir supporter et rendre victorieuse la
religion et pour élever la parole d’Allah. Donc si une chose surnaturelle se produit de la part
d’une personne et que cela ressemble aux Karaamaats, et que le but de son apparition n’est
pas une chose qu’Allah aime, alors dans ce cas ce n’est pas une Karaamah. Au contraire, cela
devient même une punition et un châtiment pour lui.

Il cite ensuite Sheikhoul‐Islam Ibn Taymiyyah dans Majmou’ Fataawa (11/274) qui dit : (Les
meilleurs Awliyaas d’Allah, leurs Karaamaats viennent comme preuve en faveur de la religion
ou pour un besoin des musulmans. Ce c’était le cas pour les miracles de leur prophète aussi
(paix et salut d’Allah sur lui).

Ibn Taymiyyah dit encore : (Tout ce qu’Allah donne à son serviteur de ce genre de choses (les
choses surnaturelles) s’il les utilise pour faire ce qu’Allah aime et agréé et ce qui rapproche
d’Allah et élève son degré et qui est ordonné par Allah et son messager, alors dans ce cas il va
augmenter en degré et sera élevé et rapproché d’Allah et de son messager et sera élevé en
degré par cela. Tandis que s’il s’aide par cette chose surnaturelle pour faire ce qui est interdit
par Allah et son messager, comme le Shirk, l’injustice, les turpitudes, il méritera pour cela le
blâme et le châtiment.)

Ce principe est très important car beaucoup de ceux qui font des choses surnaturelles utilisent
ces choses pour faire ce qui ne plaît pas à Allah. Ils l’utilisent pour la ruse, pour avoir la
vénération des hommes et pour se faire élever au dessus de leur niveau. Même si cette chose
surnaturelle n’est reliée à aucune chose utile ou bénéfique au départ.

Ibn Taymiyyah dit encore a ce sujet : (Le dévoilement ou l’effet (d’une chose surnaturelle) est
soit utile ou pas. Si c’est une des choses suivantes, cela fait partie des choses inutiles, comme :
le fait de connaître les mauvaises actions des serviteurs, monter une bête féroce sans qu’il y ait
un besoin de le faire, de se réunir avec les Jinns inutilement, marcher sur l’eau alors qu’il y a un
pont pour traverser. Ces choses ne sont d’aucune utilité dans ce bas monde, ni dans l’au‐delà et
c’est comparable à une chose vaine ou un jeu.)


Sixième principe : Il ne faut pas que cette Karaamah soit elle‐même une désobéissance d’Allah
ou une chose contraire à la révélation.

Après avoir mentionné ces 6 principes, le Sheikh Loh commence à citer de nombreux exemples
dans lesquels les Soufis contredisent tous ces principes. Je crois donc qu’il est clair, après tout
ce qui à été mentionné de preuves et de clarification à ce sujet, que ce que Tariq Ramadan
mentionne au sujet de ceux qu’il nomme des Khawaas n’a rien à voir avec des Karaamaats et
qu’il croit que des hommes ont la connaissance de l’avenir et du Ghaib, ce qui est une forme de
Koufr Majeure.

En ce qui concerne le « Fourqaan » (discernement) auquel fait allusion Tariq dans les deux
citations, c’est en réalité tiré du verset suivant :
(Ô vous qui croyez! Si vous craignez Allah, Il vous accordera la faculté de discerner (entre le
bien et le mal) «Fourqaan»)
Al‐Anfaal : 29.


Cela n’a rien à voir avec le fait de voir dans le cœur des gens, ou de connaître le Ghaib. Mais
plutôt, comme l’explique l’Imam Ibnou Kathir dans son Tafsir, en citant les interprétations des
Salafs au sujet de ce verset, il dit : (Ibn ‘Abbaas, As‐Souddi, Moujaahid, ‘Ikrimah, Ad‐Daahhaak,
Qataadah, As‐Souddi, Mouqaatil Ibnou Hayyaan et d’autres ont dit : (Fourqaan) : signifie une
issue. Moujaahid a rajouté : dans cette vie d’ici‐bas et dans l’au‐delà. Et dans une autre
narration selon Ibnou ‘Abbaas : (Fourqaan) : signifie un salut. Et dans une autre narration de lui
aussi : (Fourqaan) : signifie une victoire. Et Mohammad Ibnou Ishaaq dit : (Fourqaan) : signifie
un discernement entre le vrai et le faux. Et ce Tafsir de Ibnou Ishaaq est plus général que ce qui
a précédé et implique tout ce qui a été mentionné. Car celui qui craint Allah, en faisant ce
qu’Allah ordonne et en laissant ce qu’il interdit pourra distinguer entre le vrai et le faux. Cela
sera donc pour lui une cause de sa victoire, de son salut et une issue dans les affaires de la vie
d’ici bas et son bonheur au jour de la résurrection et une expiation et un effacement de ses
péchés qui seront recouverts et cachés des hommes. Ce sera également un moyen pour lui
d’atteindre la grande récompense d’Allah. Comme Allah le dit : (Ô Vous qui avez cru! Craignez
d’Allah et croyez en Son messager pour qu’Il vous accorde deux parts de Sa miséricorde, et
qu’Il vous assigne une lumière à l’aide de laquelle vous marcherez, et qu’Il vous pardonne, car
Allah est Pardonneur et Très Miséricordieux.)
Al‐Hadid. 28.) Fin de la citation.

Qu’Allah nous protège de l’égarement et qu’Il nous guide, ainsi que Tariq, vers le droit chemin.

Abou Hammaad Sulaiman Dameus Al‐Hayiti
Mardi 2 décembre 2008, Montréal, Québec, Canada.

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